Cet article est paru dans le numéro de mars 2022 du journal étudiant L'agrafe de L'université Rennes 2.
Les podcasts sont de plus en plus nombreux, et se sont démocratisés, notamment pendant la période de confinement liée à l’épidémie de Covid-19. On en trouve sur pratiquement tous les sujets : humour, fictions, actualité, politique… mais certains sont inclassables.
À la jonction entre documentaire et récit de vie, L’Insomniaque, imaginé et animé par Camille Juzeau, est une invitation à la découverte. Sa particularité ? Vous êtes en immersion, toujours de nuit, avec des individus qui s’activent. Sept épisodes et sept environnements radicalement différents : soirée à Marseille, cambriolage, accouchement à la maternité, action contre la pollution lumineuse, soirée de sexe à plusieurs, nuit dans une maison hantée où dans une forêt.
Dans ces univers, pas besoin d’images. On se laisse guider par les voix, les sons et la musique (composé par Alice-Anne Brassac). On savoure ces moments de simplicités, d’exploration de l’environnement et des corps en mouvement. Les personnages sont capturés dans l’action, et durant les 30-40 minutes d’épisode, on agit avec eux.
L’Insomniaque, c’est aussi des voix qui sont portées, que l’on entend rarement, et qui arrivent crûment jusqu’à nous. L’imprévu de la situation fait naître des moments de doute, d’affirmation, de confession, ou de plus profondes réflexions politiques et philosophiques. Le récit se déroule et les paroles se libèrent. L’appropriation des personnages par l’auditeur est facilité par la simplicité et le naturel des échanges.
Face à l’absurdité de certains scénarios de séries télévisées, qui, en voulant « faire vrai » développe une image erronée des véritables relations humaines, L’Insomniaque capture, sans mettre en scène, des relations humaines existantes (mais anonymes) et créer des récits plus proches, qui pour le coup, « font vrai ».
En plus de la captation (voix, bruits), les musiques originales apparaissent stratégiquement dans l’histoire, sans jamais s’imposer. Le plaisir de l’écoute est intense et l’est encore plus si l’écoute est faite intégralement, sans interruption. Dans le cadre du premier épisode nommé « Les gendarmes et le voleur »,
L’OBS avait interviewé Camille Juzeau. À la question « Pourquoi un podcast sur la nuit ? », elle répondait : « Parce qu’il s’y passe des choses différentes. Il s’agit d’une autre manière d’habiter le monde. Les personnes, les rencontres, les relations y sont singulières. » Cette singularité permet au projet de se démarquer par rapport aux autres podcasts et de développer une nouvelle approche du divertissement, répondant, notamment, à l’envie de s’approcher davantage du réel.
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